Lettre hebdomadaire du 1er au 10 MARS 2021
SOMMAIRE 1) Journée internationale des droits des femmes : 8 mars – La Maison de l’Europe de Provence met en pratique les droits des femmes 2) Culture européenne : fêtes nationales européennes ( La- fête “nationale” de la Fédération Croato-Musulmane (Bosnie-Herzégovine) : 1er mars; la fête “nationale” du Pays de Galles (Royaume-Uni) : 1er mars; le – “Jour” des îles Baléares (Espagne) : 1er mars et la fête nationale de Bulgarie : 3 mars (avec tribune de Mireille Martin, Secrétaire générale de l’association Provence-Bulgarie, en pièce jointe)
1) JOURNEE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES : 8 mars
Dans un mail du 5 mars, le Parlement européen nous propose de partager des exemples de leadership féminin et de célébrer les femmes que nous admirons. C’est l’occasion de montrer que la Maison de l’Europe de Provence met en pratique l’égalité des sexes que le traité de Rome a institué, dès 1957, comme une valeur fondamentale de la Communauté européenne.
C’est d’abord vrai au niveau de notre Conseil d’Administration qui est paritaire. Cette parité n’a pas eu besoin d’être imposée par les statuts : elle s’est faite spontanément grâce à la qualité de l’engagement des adhérentes devenues administratrices. Elles ne sont pas seulement actives au sein de notre Maison de l’Europe de l’Europe mais sont également engagées dans la société. Je les cite par ordre alphabétique : Laure BARTHELEMY, très active au sein des Amis du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille ; Chantal BERTIN, présidente de la Fédération Départementale des Villes Jumelées (Bouches-du-Rhône) ; Michèle EINAUDI, sénatrice honoraire ; Colette GAUSSEN, déléguée départementale de la Fédération des Comités des Fêtes (BDR) ; Michèle GRAZIANO, 1ère adjointe au maire d’Eguilles ; Nicole HELSLY, qui a fondé et animé le Comité Européen International Salonais ; Noro Issan-Hamady, informaticienne marseillaise ; Françoise JOUGOUNOUX, engagée dans plusieurs associations ; Catherine NGO-NHON-HIEN, enseignante responsable des relations avec les entreprises dans son lycée professionnel ; Reine YASSLIAN-MERGER, ancienne adjointe au maire d’Aix-en-Provence. Les femmes sont également les représentantes de 4 sur 5 de nos associations adhérentes : Jamy BELKIRI, secrétaire générale du Centre technique Régional des Consommateurs ; Véra FICHANT, présidente de l’association Amitié Franco-Tchèque, Andrée GUIGUE, présidente de l’association franco-espagnole La Noria et Mireille MARTIN, secrétaire générale de l’association Provence-Bulgarie.
La génération montante n’est pas en reste. Pauline BEDOLIS, Marion DURAND et Amjade GOUMRI sont nos 3 stagiaires de l’hiver 2021. Elles ont joué un rôle irremplaçable dans la refonte de notre site internet, le lancement de notre chaîne YouTube et la réalisation de notre carte citoyenne. Qu’elles en soient vivement remerciées !
C’est vrai qu’il n’y a pas de parité au sein de notre Bureau mais cela est largement compensé par le rôle stratégique que joue notre Secrétaire générale Noro ISSAN-HAMADY puisqu’elle est notamment responsable de la refonte de notre site internet et de la mise en ligne des demandes de subvention. Cette informaticienne marseillaise est d’origine comorienne et très engagée dans la cité phocéenne. Militante associative au service des quartiers déshérités, elle a notamment créé une association d’aide aux parents. Elle a également été élue conseillère métropolitaine d’Aix-Marseille-Provence et a été déléguée aux droits des femmes dans un secteur municipal marseillais. Mais elle ne savait pas que la fée Europa s’était penchée sur son berceau au bord de l’Océan Indien… Elle se définit maintenant comme une “citoyenne afro-européenne, Française originaire de Madagascar et des Comores“. Elle a fait sienne la devise européenne : “Unie dans la diversité”, ce qui lui permet d’affirmer ses valeurs multiculturelles dans un cadre européen. Avec elle, c’est toute une population qui peut ainsi échapper au communautarisme et au populisme pour s’engager dans un avenir européen.
2) CULTURE EUROPEENNE : LES FÊTES NATIONALES EUROPEENNES
Les fêtes nationales célèbrent des évènements jugés essentiels par les pays, ce qui permet souvent de mieux comprendre leurs réactions actuelles. En ce qui concerne le Royaume-Uni et l’Espagne, il y des fêtes “nationales” au niveau local, ce qui est le signe d’une décentralisation culturelle beaucoup plus importante qu’en France.
A) 1er mars : FÊTE “NATIONALE” DE LA FÉDÉRATION CROATO-MUSULMANE DE BOSNIE-HERZEGOVINE
*** Un peu de vocabulaire pour comprendre :Bosniaques = Slaves musulmans ; Croates = Slaves chrétiens catholiques ; Serbes = Slaves chrétiens orthodoxes. Ces 3 peuples parlent une langue qu’on appelle serbo-croate (les Serbes utilisent l’alphabet cyrillique)Bosnien = commun à tous les peuples de Bosnie-Herzégovine ; officiellement, le bosnien désigne la langue slave parlée en Bosnie-Herzégovine (c’est-à-dire le serbo-croate).Bosnie-Herzégovine = ancienne République fédérée de Yougoslavie devenue indépendante en 1992. Elle comprend 3 entités : la Fédération Croato-Musulmane de Bosnie-Herzégovine, la République Serbe de Bosnie et un petit district neutre. Officiellement, la Fédération Croato-Musulmane s’appelle maintenant “Fédération de Bosnie et Herzégovine”. Mais pour ne pas risquer la confusion avec la Bosnie-Herzégovine, on continuera à l’appeler “Fédération Croato-Musulmane”…
Le drapeau de la Fédération Croato-Musulmane de Bosnie-Herzégovine a été adopté en 1996. Il se compose de 3 bandes verticales : à gauche, rouge (couleur des Croates), à gauche, vert (les Bosniaques) et une bande centrale plus large au centre, blanc (pureté et paix). Dans la bande blanche se trouve un écusson avec 3 symboles : une fleur de lys dorée (symbole bosniaque), un damier rouge et blanc (symbole croate) et 10 étoiles sur fond bleu qui représentent les 10 cantons de la Fédération.
La fête “nationale” célèbre l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine proclamée le 1er mars 1992, au lendemain d’un référendum boycotté par les Serbes.
La proclamation de l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine entraîne une guerre civile dramatique (1992-1995) à laquelle mettent fin les accords de Dayton. Ils divisent la Bosnie-Herzégovine en 3 entités autonomes : la Fédération Croato-Musulmane, la République Serbe et un petit district neutre. La Fédération Croato-Musulmane s’étend sur 51 % du territoire de la Bosnie-Herzégovine. Sa capitale est la partie occidentale de Sarajevo (la ville de Sarajevo est aussi la capitale de la Bosnie-Herzégovine). La population est estimée à 2,2 millions d’habitants et se répartit ainsi : Bosniaques = 73 %, Croates = 22 % et Serbes = 5 %. Le pays est divisé en 10 cantons autonomes (5 cantons bosniaques, 2 cantons croates et 3 cantons mixtes).Comme la Bosnie-Herzégovine, la Fédération Croato-Musulmane utilise le” mark convertible” comme monnaie. Sa valeur est celle du mark par rapport à l’euro. Les institutions sont une Présidence collégiale, un Parlement et un Gouvernement (avec 16 ministres : 8 Bosniaques, 5 Croates et 3 Serbes). En 2001, la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine reconnaît les Serbes en tant que “nation constituante” de la Fédération Croato-Musulmane qui a ensuite changé son nom en “Fédération de Bosnie et Herzégovine”. Et en 2006, cette même Cour a déclaré illégal le drapeau de la Fédération mais on ignore dans quelle mesure celui-ci est encore utilisé. Il semblerait également que les institutions tendent à perdre leur caractère ethnique pour s’unifier.
B) 1er mars : FÊTE “NATIONALE” DU PAYS DE GALLES
Le drapeau gallois s’appelle le “Dragon rouge” et a été adopté officiellement en 1959. Il représente un dragon rouge sur un fond vert et blanc qui sont les couleurs de la dynastie Tudor (dynastie d’origine galloise qui a régné sur l’Angleterre au XVe siècle). Il est issu d’un roi gallois du VIIe siècle et serait inspiré de Merlin l’Enchanteur, au temps du Roi Arthur, qui aurait eu la vision d’un dragon rouge celtique luttant contre le dragon blanc des envahisseurs anglo-saxons.
Cette fête “nationale” galloise a lieu le jour de la St-David. Il ne s’agit pas du roi biblique mais d’un moine gallois du VIe siècle, appelé Dewi, créateur de monastères et d’églises, qui est devenu évêque et considéré comme saint patron du Pays de Galles.
ORIGINALITE GALLOISE: Le Pays de Galles a l’originalité d’être à la fois reconnu comme l’une des 4 nations constitutives du Royaume-Uni et comme l’une des 6 nations celtiques. Géographiquement, c’est un territoire montagneux situé au S.O. de l’Angleterre. Il est peuplé de 3 millions d’habitants et sa capitale est la ville de Cardiff.
Historiquement, le pays doit sa spécificité à la résistance des populations celtiques de Grande-Bretagne contre les Angles et les Saxons (envahisseurs germaniques du VIe siècle). Ces envahisseurs sont devenus majoritaires dans ce qui est aujourd’hui l’Angleterre mais ils n’ont pas réussi à dominer ce qui est devenu le Pays de Galles et l’Ecosse. Sa division en plusieurs royaumes a favorisé sa conquête finale par l’Angleterre en 1282. Il a été considéré comme une principauté autonome jusqu’au XVIe siècle. C’est de cette époque que date la tradition d’appeler “Prince de Galles” l’héritier du roi d’Angleterre. Au XVIe siècle, un acte d’union l’a incorporé politiquement et administrativement à l’Angleterre.
Mais il s’est maintenu une langue galloise d’origine celtique. 23 % des Gallois parlent encore cette langue (alors que seulement 1 % des Ecossais parlent la langue celtique) et 20 % des enfants sont scolarisés uniquement en gallois. La signalisation routière est bilingue anglo-galloise et il y a une chaîne de télévision gallophone (“S4C”). En langue galloise, le nom du pays est “Cymru”.
NATIONALISME GALLOIS: Il y a un nationalisme gallois qui s’est développé au XXe siècle, surtout à partir de 1970. Le parti nationaliste gallois (“Plaid Cymru“) a été fondé en 1925. Il est indépendantiste mais demande surtout le respect de l’identité galloise et de sa langue. L’indépendantisme gallois est moins développé que celui d’Ecosse , certainement parce que le Pays de Galles est plus proche de l’Angleterre que ne l’est l’Ecosse. D’ailleurs, contrairement à l’Ecosse, le Brexit l’a emporté à 53 % lors du référendum de 2016. Mais il a quand même réussi à obtenir par “dévolution” une décentralisation élargie en 1998, avec un parlement et un gouvernement régional. Le “Plaid Cymru” obtient régulièrement entre 10 et 12 % des voix aux élections législatives (et jusqu’à 20 % aux élections européennes de 2019, avec un député européen). Son idéologie est républicaine de centre-gauche : en 2004, sa présidente a été temporairement expulsée de l’assemblée galloise parce qu’elle avait appelé la reine “Mme Windsor”) !
C) 1er mars : “JOUR DES ÎLES BALÉARES”
Le drapeau des Îles Baléares a été adopté en 1983 au moment de l’instauration du statut d’autonomie de cet archipel espagnol. Il représente les couleurs traditionnelles du royaume d’Aragon (4 bandes rouges sur fond jaune), avec un chateau blanc à gauche.
Le “Jour des Îles Baléares” est la fête officielle de la Communauté autonome des Îles Baléares qui commémore l’entrée en vigueur du statut d’autonomie le 1er mars 1983.
Cet archipel méditerranéen bien connu est situé au large de l’Espagne et comprend 4 îles, de l’ouest vers l’est : Ibiza, Formentera, Majorque (l’île principale) et Minorque. Il y a 1 100 000 habitants dont 880 000 à Majorque. La capitale est la ville de Palma. L’archipel est situé dans la zone de la langue catalane mais 50 % des habitants utilisent le castillan.
HISTOIRE: Les îles ont connu une civilisation préhistorique qui a eu son apogée de 1600 à 800 av. JC avec d’importants mégalithes. Les “frondeurs des Baléares” étaient célèbres dans l’Antiquité. Ces îles ont été fréquentées par des marins phéniciens et grecs puis occupées par les Carthaginois et conquises par les Romains en 123 av. JC. Les Vandales s’y sont installés lors de la chute de l’Empire Romain d’Occident avant d’en être chassés par la reconquête byzantine. L’occupation musulmane a duré de 902 à 1229, date du début de la Reconquista. Il y eut un “royaume de Majorque” indépendant de 1276 à 1349 qui possédait le Roussillon et Montpellier et dont la capitale était Perpignan. Il fut annexé par le royaume d’Aragon, ce qui lia définitivement l’archipel à l’Espagne.
ECONOMIE ET POLITIQUE: Depuis les années 1950, les Baléares vivent essentiellement du tourisme de masse. Il y a eu 16 millions de touristes en 2017, dont 20 % d’Allemands. Ce tourisme apporte une certaine prospérité puisqu’il n’y a que 2 % de chômeurs en 2019 (contre 14 % en Espagne). Depuis 1983, l’archipel forme la “Communauté autonome des Îles Baléares“, avec un statut qui a été réformé en 2007. Un parlement régional est élu au suffrage universel direct et il élit à son tour le “Président des Îles Baléares” qui dirige le gouvernement régional autonome. Ce gouvernement vote, par exemple, chaque année un calendrier de fêtes spécifique à l’archipel. Malheureusement, la vie politique locale a la réputation d’être assez corrompue.
ANECDOTE CULINAIRE: L’île de Minorque a été occupée par les Anglais au XVIIIe siècle. En 1756, Port-Mahon, sa capitale, fut prise d’assaut par des troupes françaises commandées par le duc de Richelieu. Son cuisinier improvisa alors une sauce qu’il appela “sauce mahonnaise“. Cette sauce devint célèbre mais on déforma son nom qui se transforma en sauce “mayonnaise“…
D) 3 mars : FÊTE NATIONALE DE BULGARIE
Le drapeau bulgare date de 1879, un an après la restauration d’un Etat bulgare autonome. Il est composé de 3 bandes horizontales : en haut, blanc (qui symbolise la paix), au milieu vert (l’agriculture) et en bas rouge (le courage du peuple).
La fête nationale célèbre la restauration de l’Etat bulgare au traité de San Stefano, le 3 mars 1878, à la suite de la guerre russo-turque et après presque 5 siècles d’occupation turque. Pour les Bulgares, c’est une véritable libération nationale acquise grâce au soutien russe.
GEOGRAPHIE ET HISTOIRE: La Bulgarie est un État de la Péninsule Balkanique (Europe du S.E.), bordé par la Mer Noire. Le territoire est essentiellement montagneux et entrecoupé de plaines. C’est là que se trouve la chaîne proprement dite du Grand Balkan (en bulgare : “Stara Planina” qui signifie vieille montagne ; le mot “Balkan étant d’origine turque). Le pays est centré sur le territoire de la Thrace antique et a été occupé par les Slaves à partir du VIe siècle. Il y a eu un empire bulgare qui a dominé les Balkans au XIIIe siècle puis qui s’est divisé et a été occupé par les Turcs de 1396 à 1878. La Bulgarie redevient alors une principauté autonome mais la même année, ses frontières sont réduites par les grandes puissances et l’indépendance ne deviendra effective qu’en 1908. Elle devient alors “la Prusse des Balkans” qui conduit la 1ère Guerre Balkanique (1912) pour faire reculer définitivement les Turcs. Ses alliés européens n’acceptent pas sa prééminence et déclenchent contre elle la 2e Guerre Balkanique (1913) qui réduit son importance. La Bulgarie tentera de retrouver toute son étendue en s’alliant à l’Allemagne pendant les 2 guerres mondiales du XXe siècle mais en vain. Le pays connaît ensuite un régime de dictature communiste (1946-1992).
DÉMOGRAPHIE: Les Bulgares sont des Slaves du sud, qui utilisent l’alphabet cyrillique (inventé en Bulgarie au IXe siècle pour transcrire la langue slave à partir des caractères grecs). Ils sont devenus chrétiens orthodoxes sous l’influence byzantine. La population actuelle est d’environ 7 millions d’habitants. Les Bulgares sont 83 %, avec deux principales minorités : les Turcs (9 %) et les Roms (5 %). Le principal problème du pays est sa crise démographique. La natalité est l’une des plus basses du monde alors que la mortalité est l’une des plus élevées, ce qui entraîne l’émigration de la jeunesse et le vieillissement de la population. La cause en est certainement la faiblesse du niveau de vie. C’est l’évolution de population la plus négative au monde. Il y avait 9 millions d’habitants en 1985 et seulement 7 millions d’aujourd’hui, soit une baisse de 22 % ! Depuis 2017, la politique démographique bulgare vise à renverser cette tendance.
Concluons avec une image de carte postale. Savez-vous que nous employons très souvent un mot bulgare au cours de nos repas : le yaourt. Il s’agit du nom bulgare “yaurt”, dérivé du turc “yogurt”. La Bulgarie est le pays du yaourt grâce à une bactérie qui ne vit que sur le territoire bulgare.
Nous avons le plaisir de publier une tribune de Mireille Martin, Secrétaire générale de l’association Provence-Bulgarie, qui a étéspécialement écrite pour la Maison de l’Europe de Provence. Cette association est adhérente de notre Maison de l’Europe. cf. infra en pièce jointe : “3 mars”
Réponses